CONTRIBUTION POETIQUE - SEPTIEME TEXTE - LE BANC

 Le banc

À l’orée du bois, là où le chemin se perd dans les broussailles, les fougères et le bois mort, le vieux banc se dégage de la végétation qui l’entoure. Il est seul, entre deux gros arbres qui le protègent de la pluie et du soleil, mais il semble avoir reçu beaucoup de visiteurs qui ont tourné autour de lui en foulant la terre à ses pieds.

À moins qu’il soit le point d’observation pour épier la faune locale...
Cependant, les planches de son assise portent les traces d’un usage excessif au centre, et les accoudoirs ont subi des frottements avec la disparition de sa couleur d’origine.

Ce lieu secret, à l’abri des regards, est le rendez-vous de deux amis qui après avoir déposé leur vélo de chaque côté du banc vont s’aventurer dans la profondeur du bois à la recherche de champignons et de plantes comestibles pour des expériences de chamanisme.
Au retour de leur expédition, ils posent leurs sacs à dos au milieu du banc, s’installent lourdement de chaque côté et s’étirent en trépignant de joie avant de partager leur butin. Malgré l’excitation, le silence est respecté mais les gestes restent méticuleux. Le rituel se termine par une séance de marche méditative en effectuant des grands cercles autour de leur cueillette posée à même le banc.
Soudain, les gouttes de pluie se frayent un chemin à travers le feuillage et rebondissent sur le banc, le départ se fait à la hâte et le banc soupire.

Véronique.